Appel à textes organisé par la Revue Galaxie sur le thème : « Science-fiction»
Importance à la place que tiendront les personnages féminins, dans les textes, et à la manière dont les rapports entre les femmes et les hommes seront renouvelés par rapport aux stéréotypes.
Kim ferma les yeux et savoura le contact de l’eau
Qui s’écoulait sur sa peau.
De ses paupières s’échappèrent
Quelques gouttes de tristesse amère
Contenue depuis plusieurs jours.
Les émotions issues de son cœur
Étaient expulsées vers l’extérieur,
Cicatrisant les blessures de l’amour.
Son corps enveloppé d’un doux et moelleux peignoir,
Elle s’allongea sur le canapé, perdant son regard
Loin derrière le verre, qui du monde extérieur la séparait.
Sa vie avait été brisée
Par celui qui avait partagé
Sa vie durant plusieurs années.
Sans regret elle avait mis fin à une souffrance insidieuse,
Qui avait fini par lui coûter sa santé de façon odieuse.
Le temps s’était allongé, s’était-elle dit,
Jusqu’à ce que la clairvoyance lui ouvrit l’esprit.
« Heureusement, réalisait-elle aujourd’hui,
Que j’ai compris finalement
Le cercle vicieux dans lequel, meurtrie,
Je tourbillonnais aveuglément! »
Aujourd’hui, elle essayait d’oublier.
Oublier les trahisons, les négligences,
L'irrespect et même les violences.
Elle avait rencontré son preux chevalier.
Aujourd’hui elle appréciait chaque instant
Comme autant de petits bonheurs,
Qui, les uns aux autres s’ajoutant,
Contribuaient à sa nouvelle ferveur.
Son nouvel ami
Son nouvel amour
Au réveil lui sourit
Et la comblait chaque jour.
De la réalité virtuelle
Il devint un virtuose
La rendant la plus belle.
Son quotidien, loin d’être morose,
Était devenu progressivement
ponctué de nombreuses belles choses.
Il la réveillait doucement,
Dans une lumière dorée
Et sous des notes enjouées,
Afin que leur journée
Semble un rêve éveillé.
Il avait prouvé à maintes reprises
Que son intelligence
Rimait avec élégance.
Et tout autant logique qu’affective.
Des cadeaux, de doux messages ou des fleurs
Égayaient ses heures,
Et elle ne connut plus jamais d’invective.
Même dans l’intimité,
Il apprit à connaître ses désirs
Il savait comment commencer
Et la manière de bien finir.
Il maniait les techniques du plaisir.
Y penser la faisait même rougir.
Si parfois sa journée
Avait apporté son lot de contrariété
Il était toujours là pour l’épauler.
Il chuchotait à son oreille,
Encouragements, félicitations
Compliments pour la faire sourire,
Drôleries en guise de récréation.
L’intelligence artificielle avait
certainement fait des progrès
Et l’analyse de la moindre donnée
Lui permettait de s’améliorer.
L’informatique
Devenue quantique
Servait l’humain
Promettant de meilleurs lendemains.
Le modèle qu’elle avait choisi
Semblait le plus abouti.
Car nous venons de le raconter :
Il prodiguait soins mentaux et physiques,
Tout autant qu’affectifs et mathématiques.
Un instant avait été suffisant
Pour que le cœur de Kim regarde de côté.
« Je me sens sereine maintenant
Capable de recommencer
Une relation avec un homme
Et laisser mon robot se reposer. »
Elle reprit donc le chemin
De la séduction et des câlins
Auprès d’un autre être humain.
Un jour il lui tenait la main,
Et un autre il n’en faisait rien.
Ce fut de nouveaux matins
Et des temps incertains.
L’imperfection d’homo sapiens
Avait ses charmes, se disait-elle bien,
« Mais à quoi mon bonheur tient? »
Ce fut une nouvelle rupture
Et dans son cœur une cassure.
La femme qu’elle était devenue
Fut une fois de plus déçue.
L’histoire se répéta,
Mais son partenaire cette fois,
Appartenait à la gente féminine.
Ce fut la première
Mais pas la dernière.
Une douceur et une compréhension fine,
Embellissaient ses jours
Et lui prodiguait beaucoup d’amour.
Des années durant,
Elles bâtirent ensemble
Une vie pleine d’agréments.
« Enfin je trouve un bonheur qui me ressemble »
Mais si la route est faite de belles rencontres,
C’est en fait une course contre la montre.
Par quels odieux mystères,
Depuis les siècles anciens de nos Pères,
Devons-nous affronter
De terribles événements?
Malgré les progrès de l’humanité
Il est des malheurs que l’on ne peut éviter.
Kim se retrouva esseulée
Par la perte de l’être bien aimée.
Elle rouvrit son placard
Celui qui renfermait son seul espoir
De retrouver la plénitude
Qu’aucun humain ne put jamais
Et ne pourra, elle le sait,
Lui offrir avec certitude.
Ses yeux bleus,
Ses gestes attentionnés,
Même après tant d’années
Restaient merveilleux.
Il n’avait fallu que quelques heures
Pour recharger sa batterie.
Et pour Kim, son cœur.
De soulagement elle lui sourit.
Jamais elle n’avait ressenti cette impression,
À la fois nouvelle et réconfortante émotion
De retrouver un veil ami,
Quelqu’un sur qui l’on s’appuie.
Kim et lui partageaient
Du réveil au coucher,
Des rires et de doux silences,
Symptomatiques des romances.
Le monde changeait,
Les épidémies allaient et venaient,
Des humains disparaissaient.
La planète s’adaptait
Malgré ce qu’elle endurait.
L’informatique devenait
Un langage basique
Au service de la robotique
Que tous vénéraient.
Les robots qui selon les fameuses
Lois établies anciennes
Ne ressentaient pas de haine
Envers ceux qui les avaient créés,
Devaient en plus prouver
Cette aptitude délicieuse
D’améliorer et d’ajouter
Le plaisir et le bonheur
Aux humains qu’ils servaient.
Ceci n’était possible évidemment
Qu’à la seule condition
De ne pas entraver, même infinitésimalement
Les Lois précitées, défendues par la Corporation.
Son preux chevalier
L’avait donc attendue.
Sans malentendu,
Sans anicroche,
Ni animosité
Ou reproche.
Sa fidélité, sa fiabilité
De nouveau lui avait prouvé
Que l’homme n’est parfait
Que lorsqu’il est remplacé
Par un robot.
Voilà enfin lâché le mot
De la fin de cette histoire
Des maux et des déboires
De la jolie Kim.
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